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La SAS est certainement la plus emblématique des Jeep. Reconnaissable entre toutes, elle démontra dans les sables du désert que son concept imaginé pour s’adapter à tous les champs de bataille était une réussite. Pour Luca Corvaja, pilote en rallye raid FIA, la dernière étape du rallye des Pharaons qui se terminait à El Almamein cette année- là, fut une révélation. Notre passionné de la marque réalisa que les fameuses Jeep SAS étaient passées par cette enfer… Il fallait leur rendre hommage d’une façon ou d’une autre. Il se tourne alors vers Jeep Village, la bonne adresse.
La Jeep est née en 1941, mais pour comprendre ce que représente à nos yeux cette version si particulière, il faut remonter le temps jusqu’en 1940.
Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale, les forces de l’axe progressent partout depuis 1939 et l’Angleterre bien seule à résister, est au creux de la vague. La bataille d’Angleterre (aérienne), a évité de justesse l’invasion du “Home land“, et l’on tente grâce à une marine presque intacte de contenir l’ennemi en Europe. Mais, les Italiens en Libye, renforcés par l’Africa corps de Rommel menacent vite d’entrer en Égypte et de foncer vers les stratégiques canal de Suez et pétroles du Moyen-Orient. Malgré des renforts venus du continent africain (Français des colonies entre autres), les Anglais reculent jusqu’en Cyrénaïque, contre-attaque le long de la cote. Le Caire est pourtant toujours menacé. Les Américains tardent à faire leur entrée dans cette guerre, ils arriveront par l’Ouest, plus tard en débarquant en Algérie.
En attendant, nos Anglais font preuve d’ingéniosité utilisant au mieux leurs maigres forces militaires et sacrifient parfois leurs commandos aéroportés, les SAS (Special Air Service), lors d’opérations presque “Suicide“. Parachutés derrière les lignes Allemandes, ceux-ci font des dégâts importants, mais leur retour laisse peu d’espoir. C’est l’un de ces hommes, le lieutenant David Stirling du 8e commando, qui, en convalescence après une blessure subie lors d’un parachutage, aura l’idée de Raids motorisés plutôt qu’aéroportés, s’inspirant de la stratégie de harcèlement employé par son compatriote Laurence d’Arabie (durant le conflit mondial précédent).
Il réussit à convaincre non sans mal ses supérieurs et le voici à la tête d’une soixantaine d’hommes volontaires déjà aguerris au désert, (dont des Français de la colonne Leclerc). Après 6 mois d’entraînements intensifs aux combats de nuit, les premières opérations SAS se déroulèrent en coopération avec un groupe des unités LRDG (pour “Long Range Desert Group“), utilisant des “Light Truck“ Chevrolet et Ford. Mais, les missions des LRDG plutôt axées sur le renseignement ne profitèrent guère du raffut qui suit en général les attaques des SAS sur arrière des lignes Allemandes et Italiennes. L’efficacité était pourtant là, les SAS s’étaient fait une réputation dans les deux camps, arborant la fameuse devise “Who dares wins“. On parle même de l’étude d’une mission secrète qui ne fut jamais mise en œuvre…L’enlèvement de Rommel…
Dès les débuts, il ne manquait plus que le véhicule idéal qui rendrait les SAS plus autonomes, plus discrets et plus rapides. Stirling fut l’un des premiers à voir le potentiel de la nouvelle petite Jeep américaine. Doté peu de temps en 1942 de 15 Willys, celles-ci furent vite optimisées et modifiées pour 1.000 Km d’autonomie et puissamment armée. Elle trouvera dès lors en mission un soutien logistique auprès des 20 camions “Light Truck“ Bedford mis à la disposition de l’unité. La charte de camouflage des véhicules comporte toute une palette de couleurs sable (on parle de stock volé aux Italiens) et étonnement un rose pâle (Sand pink), qui sera repris par bien des équipages. La légende veut que lors d’une mission, les SAS découvrent non loin de l’une de leurs nombreuses caches d’essence un bombardier Libérator écrasé là depuis des mois. Celui-ci n’avait jamais été repéré, ni par eux, ni par la RAF (l’aviation Britannique). Une seule raison possible ; La peinture de son camouflage avait disparue par effet d’abrasion dû aux vents de sable, seul l’apprêt subsistait…Il était désormais rose pale. Être invisible pour l’aviation ennemie, c’est l’un des soucis principaux de nos commandos. Les “Pink Panther“ étaient nés, mais ce surnom ne leur fut définitivement attribué qu’à partir 1964 lors de la sortie du film de Peter Sellers alors que les SAS Anglais utilisaient désormais des Land Rover.
Dès 1942 les Jeep SAS dévastèrent, terrains d’aviation, dépôts de munitions, de carburants, coupant les voies de communications et désorganisant les arrières d’un Rommel qui avouera plus tard… Avoir subi un coup fatal de la part de ces fantômes qui disparaissaient comme des mirages…. Si le “Phantom Major“ David Stirling fut capturé en Tunisie en 1943 lors d’une simple pose après une opération (voir légende photo), on retrouvera ses furtifs SAS en Sicile, en Grèce, en Italie, en France, en Albanie et jusqu’en Allemagne sous les ordres (entre autres) de son frère William Stirling, qui dirigeait alors le 1st Special Air Service Regiment.
La victoire sur le front d’Afrique du Nord restera non seulement la première victoire des alliés sur les forces de l’axe, mais aussi le premier pas de la Jeep vers la liberté. Elle en deviendra le symbole.
Née le 1 Janvier 1944 et rapatriée du Tchad cette Jeep rouge pompier est dans un état de fatigue qui impose le respect. Mais, elle va passer par tous les stades de restauration qu’on maîtrise parfaitement depuis des lustres.
La Willys entièrement démontée, le châssis et la mécanique pourront être sauvé. En revanche, en ce qui concerne la caisse, il faudra se résoudre à en amputer une partie (arrière), tant les outrages du temps ont fait leur ouvrage dévastateur. Châssis, ponts, moteur, caisse reçoivent ensuite la traditionnelle couleur d’origine. C’est ensuite sur cette Jeep “Stock“ comme l’étaient les premières reçues par David Sterling qu’on applique la recette SAS.
Les membres de cette unité naissante avaient trois priorités. Autonomie- discrétion- puissance de feu. Une fois la Jeep débarrassée du superflu tel que poignées, pare-brise, capote, arceau, phares, catadioptres, lot de bord, banquette arrière, cales de capot et support du jerrican arrière, on s’intéresse à l’autonomie.
Ce ne sont pas moins de 14 jerricans de 20L soit 280L,qu’on arrive à coller partout dans cette Jeep devenue supertanker. Du capot aux ailes en passant par la benne, carburant, huile et eau sont répartis.
Parmis les multiples équipements nécessaires aux opérations, on trouve à l’arrière les plaques de désensablage et deux roues de secours et une pelle (ici modèle Allemand). La navigation en plein désert demandait de l’expérience. Outre les étoiles, les SAS utilisaient compas solaire, boussoles, Théodolite ou comme ici des Astro Compas MK II.
À l’avant, le moteur de la Jeep SAS doit être mieux refroidi et la solution retenue consiste à scier les barres de calandres en laissant subsister les deux du centre de la calandre pour conserver de la rigidité. On offre aussi au radiateur d’origine mieux ventilé une ration d’eau supplémentaire par le biais d’un vase d’expansion d’environ 5L placé à droite.
Vient ensuite la puissance de feu. La Jeep se transforme en véritable cuirassier. Si l’armement pouvait varier selon les missions, l’essentiel des Jeep SAS disposaient de 3 Vickers 7,7mm class K dont un ensemble jumelé à l’avant qui pouvait être remplacé par une Browning 50 en 12,7mm. Un armement généralement issu de l’aviation qui ne souffrait pas trop de surchauffe. Luca opte pour la première version. Ces reproductions de Vickers sont réalisées en Angleterre et l’on peut acheter séparément des chargeurs supplémentaires.
Voila les secrets de la Jeep légendaire des SAS .
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