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Jaguar XJ Rallye Dakar 2003

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JAGRANGE SUR LE DAKAR 2003

Vous vous souvenez certainement de la Rolls “Jules“ du Dakar. Si celle-ci fut sans conteste la star médiatique (au niveau mondial) du Dakar 1981, nous le savions, un autre fleuron de la production automobile de luxe “so British“, avait tenté l’aventure quelques années plus tard. Cette fameuse Jaguar XJ du Dakar 2003, nous l’avons retrouvée quelque part dans le Sud de la France. Une auto originale comme son créateur et pilote. Une belle aventure.

8 Janvier 2003 entre Sabha et Zilla.

Une date qui restera à tout jamais gravée dans la mémoire de cet homme, qui, en plein désert Libyen, est train de finir de changer le joint de culasse sur le V8 de sa Jaguar… Son téléphone satellite sonne, sa femme Anja lui annonce qu’elle vient d’accoucher un mois avant terme d’une petite fille prénommée Sterre. Son Papa doit revenir au plus vite car elle souffre d’une malformation du système digestif. Frans abandonne son copilote et sa Jaguar, file vers Tripoli pour rentrer en Hollande au plus vite. Si la petite Sterre âgée de 6 ans aujourd’hui se porte bien, Franciscus Antonius Maria Van Engelen commença sa carrière de Papa sur les chapeaux de roues sacrifiant sans aucun regret son rêve de Dakar. Une belle histoire comme la légende du Dakar en compte tant. Une belle histoire d’amour filiale qui débutait, mais aussi une passion pour l’aventure et les belles mécaniques qui s’était concrétisée. Les deux sont encore de mise aujourd’hui et Frans (c’est plus court), nous a accordé une journée flasback, nous faisant partager son histoire et sa Jaguar.

D’Eindhoven à Sharm-El Sheikh

Tout commence il y 50 ans, lorsque de bonnes fées se penchent sur le berceau du petit Franciscus…Tu seras mécanicien… Un petit diable est certainement passé juste après…Tu aimeras les Anglaises… Et voici Frans qui tombe dans le chaudron de la mécanique dès son plus jeune âge et l’atelier spécialisé Jaguar d’Eindhoven ouvre ses portes quelques années plus tard en 1983. Depuis cette époque Frans ne manque aucun des départs Parisien du Dakar, une passion qui restera bien longtemps un rêve. Tout naturellement, Range Rover et Land Rover qui deviennent des habitués de l’atelier n’ont plus aucun secret pour notre passionné. Ce n’est qu’en 2001 que Frans relève le défi. Il en avait assez d’entendre depuis des années…Le Dakar c’est trop cher, et puis avec une Jaguar, c’est impossible… C’est pourtant par la réalisation l’auto de son rêve qu’il commence en prenant son temps. Dans l’atelier, tout débute par un châssis, un moteur, des transmissions…Les clients et les copains commencent à s’y intéresser, tournant autour de ce qui sera peut-être, un jour, la première Jaguar du Dakar. Le coup de pouce viendra en son temps, lorsque qu’Arno, vieux copain d’enfance devenu le patron d’Amtra gmbh en Allemagne (l’équivalent d’Algeco en France), est séduit par le projet de Frans. Une Jaguar sur le Dakar ! Les retombées médiatiques auront tôt fait de rentabiliser l’investissement outre-rhin. 2002, Arno investit même dans un magnifique Mercedes 290 GD préparé chez ORC, qui jouera les véhicules d’assistance, l’aventure Dakar était en route. Frans, de son côté, mets soudain la gomme afin d’être fin prêt et d’avoir le temps de faire des essais roulants. En Mai 2002, il apprend que ce sera : Objectif Sharm-El-Sheikh pour le Dakar 2003. L’Égypte via Marseille, la Tunisie et la Libye…Sur un petit nuage notre Frans. à en oublier le ciel gris d’Eindhoven.

Mais en ce 1e Janvier 2003, une Jaguar XJ, fin prête, est au milieu du parc fermé de la capitale Fosséenne aux côtés des Buggys Schlesser, des Nissan de Vatanen, Belmondo, du Tarek de Kleinschmidt (retour de VW) et bien sûr des Mitsu de Peterhansel et Masuoka (futur vainqueur de l’édition). Comme pour Luc Alphand (BMW), il est magique pour Frans d’être là pour la première fois en tant que concurrent. Après un kilomètre de prologue à Marseille et 43 de spéciale à Narbonne, ce sera plus de 8.500 Km via Tunis, Toseur, El Borma, puis le Sud Libyen en passant par Ghadamés et Ghat. Frans et sa Jaguar changent ensuite de cap bien guidé par son copilote Jauris Paulus Van Pauwliet (un copain militaire rompu aux techniques de navigations), à travers le désert en direction de l’Égypte.

8e étape (Ghat-Sabha). La Jaguar maintient le rythme et s’avère à l’aise malgré ses deux tonnes, occupant la 80e position au classement (sur 130 autos au départ), alors que les premières longues spéciales et la chaleur commencent à faire de gros dégâts (61 autos à l’arrivée). Le V8 offrant 250 Ch endure les kilomètres de sable sous le soleil, il faut surveiller sa température de prêt. Mais, c’est lorsque qu’il faut aller chercher le Mercedes G d’assistance en panne, que Frans relâche sa surveillance durant la longue route de nuit pour rejoindre le Rallye. Le moteur chauffe sous la charge du G tiré à la sangle. Le joint de culasse rend l’âme, il faudra le changer demain avant de partir pour les 585 Km de l’étape du lendemain en direction de Zilla. Mais, rien de grave, la Jag n° 314 de Frans est partie pour aller au bout de ce Dakar, ça ne fait pas de doute.

Vous connaissez déjà la suite. Il est temps de découvrir plus en détail cette étonnante réalisation qui n’a rien à envier à la Rolls de Thierry De Montcorgé, si ce n’est la renommée.

Les secrets du Jagrange…

C’est à Tournon d’Agenais (47) que nous retrouvons la famille Van Engelen et sa Jaguar. Si, comme bon nombre de ses compatriotes, Frans a choisi le Sud Ouest de la France pour son soleil, c’est aussi pour sa fille. Toulouse, très proche, est réputé mondialement dans le domaine médical dont sa fille a besoin durant sa croissance.

C’est ainsi qu’un beau matin, les habitants de ce petit village du Lot et Garonne, célèbre pour son Beffroi à cadran lunaire et ses tourtières (Pommes et Rhum), a vu s’ouvrir les portes du garage Sterre. Belle aubaine que la venue de la famille Van Engelen pour les nombreux Anglais installés dans la région, amateurs des productions automobiles Britanniques, Jaguar et Land Rover en tête.

Elle est là, cette Jag du Dakar que l’on a pistée durant quelques mois. Une Jaguar 4x4, ça en impose d’entrée de jeu, toute en bonne vieille tôle d’acier et petites gouttes d’huile de sa boîte de vitesse sur le sol. Il y a du Land Rover là-dessous ! Presque dans le mille, c’est du Range.

En effet, Frans est parti du solide et lourd châssis d’un Range pour réaliser sa Jaguar. Les deux ponts proviennent aussi du Lord anglais. Ceux-ci furent renforcés, équipés de différentiels autobloquants et d’arbres de roue plus costauds. Si le pont avant reprend les tirants de ponts et son emplacement d’origine, il en est autrement pour celui de l’arrière. En effet, afin d’adapter l’empattement du Range (100 Pouces) à la belle carrosserie d’une Jaguar berline XJ 4.2L de 1978, il faut reculer le pont arrière pour atteindre 2900 mm, soit 360mm d’empattement supplémentaire. L’axe arrière bénéficie ainsi de solides tirants mécano-soudés réalisés sur mesure et le guidage sera bien plus efficace avec un parallélogramme de Watt. En ce qui concerne les suspensions, pas de soucis, Frans fait dans la fierté nationale ; Une fois l’auto terminée, il la confiera à la société HT Suspensions qui réalisera les 8 amortisseurs à bonbonnes séparées et des ressorts parfaitement adaptés à la répartition des masses.

En attendant, Boîte de vitesses (R380, 5 rapports) et boîte de transfert LT 230 (2 rapports et blocage) d’origine Land Rover prennent place dans le châssis. Dans un coin de l’atelier, Frans dispose d’un bloc 3,5L V8 Rover qui vient d’être réalésé afin d’y installer les chemises d’un bloc Jaguar V12 et des pistons de BMW 745 turbo. Étrange assemblage, mais, Frans ne s’arrête pas là. Sur un vilebrequin rectifié en conséquence, il monte des bielles de BX Citroën essence (récupération de deux moteurs nécessaires pour un V8). Son but ? Augmenter la course des pistons pour un V8 à la cylindrée portée à 4,3L qui sera très souple malgré les 250 Ch qu’il développera.

En vue du Dakar avec une assistance minimum, pas d’injection au programme, Frans opte pour deux bons vieux carburateurs SU facile à réparer. Le refroidissement (via un radiateur spécial réalisé sur base Range), passe à l’arrière de l’habitacle qui, lui, se voit greffé d’un arceau homologué, de l’ensemble harnais/ baquets et d’un tableau de bord aluminium complet.

On y est presque, il manque le réservoir de 380 L placé au plus bas, le faisceau qui mérite bien une véritable armoire électrique derrière le copilote et les deux roues de secours (BF Goodrich Mud 235/85 x 16), fixés dans le coffre. Ce dernier est plein, les indispensables plaques de désensablages et pelles iront sur le capot arrière (très chic sur une Jag, ça fait aventurier et ce n’est pas du Vuitton !). Afin de supporter les températures africaines, Frans donne dans les prises d’air tout azimut. Deux entrées d’air dans les portes arrière de la berline pour le radiateur d’eau, deux écopes de toit pour l’équipage et une dernière (centrale) pour le radiateur d’huile. Quelques kilos de peinture “Light green“ fournie par ORC, des jantes tôle de Defender 130 (pour le déport plus important) sur des freins à disques d’origine Range Rover. Plus de 2 tonnes sur la balance, mais quelle allure avec sa calandre, ses chromes, ses 4 phares, quel son…

Pour rugir de plaisir…

Six ans après la virée Libyenne de Frans, l’atelier du garage Sterre résonne toujours de temps en temps de cette symphonie en V8 majeur. Si d’habitude, c’est juste pour faire tourner cette fameuse Jaguar histoire de lui graisser les cylindres, aujourd’hui c’est pour nous (pour vous…), qu’elle rugit de nouveau. Puis, c’est le plaisir olfactif de l’habitacle, celui que dégage une auto de course qui en a déjà vu. Effluves d’huile chaude et d’essence, puis vibrations, volant cuir dans une main, l’autre tout naturellement sur le levier de vitesse, frein à main (à gauche) abaissé, le pied gauche s’enfonce à son tour…Puis le droit.

Si, dès les premiers tours de roues, on réalise que l’on est à des milliers de kilomètres du confort cossu des cuirs Connoly Britannique déambulant dans les quartiers huppés, on est bien aux commandes d’une Jag unique, une Jag qui a une âme, ça sent vraiment le robuste ! On perçoit le poids de la ferraille dès les premiers virages, ça rassure, mais ça déroute lorsque l’on part à la dérive. Il suffit alors d’assimiler qu’il y a ce gros matou sous le capot et surtout, qu’il faut oser le chatouiller. Alors seulement, le grand cirque commence. Centre de gravité très bas, empattement long, puissance, souplesse du V8 (réellement étonnant) et suspensions s’accordent parfaitement. On peut alors faire rugir la Jaguar pour le plaisir.

Si l’on est loin de l’agilité des standards actuels du Rallye Raid, à coup sur, cette Jaguar est bien née, taillée pour les grands espace Sahariens et sa piste sans fins, presque 3 mètres d’empattement en font un “rail“. Et, si l’on peut sourire de son costume d’apparat atypique, sa mécanique empruntée à son cousin le Range, fait d’elle un standard intemporel qui conviendrait encore aujourd’hui à bien des équipages qui souhaite avant tout se faire plaisir dans le sable avec une assistance minimum. Un grand moment de pilotage, amusant et plein d’émotion.

Publié dans: Essais 4x4 et SUV

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